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Un chercheur en éthologie redonne de la voix à des animaux préhistoriques disparus et exposés au Musée de Préhistoire de SolutréCommuniqué de presse

Comment communiquaient les animaux préhistoriques ? A quoi ressemblaient leurs cris ? Grâce à un travail de reconstitution de vocalisations, David Reby, enseignant-chercheur à l’UJM et chercheur en éthologie à l’ENES / CRNL1 a redonné de la voix à trois espèces d’animaux disparus : le mégacéros, le rhinocéros laineux et l’ours des cavernes. Inspirées par les travaux du chercheur sur la communication vocale animale, ces reconstitutions permettront au grand public d’entendre ces animaux disparus depuis des millénaires à l’occasion d’une exposition au Musée de Préhistoire de Solutré jusqu’au 16 mai 2021.

 

Des reconstitutions de cris de trois espèces animales disparues

Pour reconstituer les vocalisations du Mégacéros, un cervidé préhistorique de taille très impressionnante, David Reby a choisi de modifier des cris de daim, dont l’apparence et la biologie se rapprochent de celles du Mégacéros (chez les deux espèces les bois sont palmés et les males sont plus gros que les femelles (fort dimorphisme sexuel). Le mégacéros étant de taille très supérieure au daim, le chercheur a abaissé le timbre et la hauteur de la voix de 30%, simulant un cou démesuré, et et des cordes vocales longues et épaisses, caractéristiques des espèces à fort dimorphisme sexuel, chez lesquelles les cordes vocales s'allongent et s'épaississent sous l'effet de la testostérone. Par ailleurs, la durée du cri a été allongée car la capacité pulmonaire supérieure de l'animal lui aurait permis de maintenir son cri sur une plus longue durée.  


Photo © Gaël Fontany

Pour simuler l'ours des cavernes, le chercheur a enregistré les sons d’une femelle grizzli, prénommée Julia, chez des dresseurs d'ours d’Orléans ayant l’agrément de l’Association Française de Protection des Animaux de Travail. La taille de l'ours des cavernes étant comparable à celle des grizzlis, les fréquences du cri n’ont pas été modifiées. L'enregistrement a été nettoyé pour supprimer les bruits parasites puis diffusé et ré-enregistré dans la Grotte du Limousis (Aude), dans la "salle des colonnes", dont l'acoustique était parfaite, et dont les parois portent des traces de griffes d'ours des cavernes, vielles d'au moins 16 000 ans. David Reby a fait le choix de saturer légèrement l'enregistrement pour augmenter l'agressivité apparente de l'animal, que l'on peut ainsi imaginer à l'entrée de sa grotte pour défendre son territoire.

Enfin, pour le rhinocéros laineux, David Reby a travaillé à partir d’un enregistrement de rhinocéros dont il a rabaissé les fréquences ainsi que la durée pour imiter un animal de taille légèrement supérieure, avant de le mixer avec un fond sonore enregistré en Ecosse.

Bien qu’il soit impossible de reconstituer à l’identique les cris des animaux disparus – les vocalisations ne laissant pas de traces - ces méthodes informées par nos connaissance scientifiques permettent de recréer des simulations aussi réalistes que possible.

ENES/CNRL1: Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (UJM/CNRS/INSERM/Lyon 1)

 

Exposition au Musée de Préhistoire
Grand site de France de Solutré-Pouilly-Vergisson
jusqu’au 16 mai 2021
http://rochedesolutre.com/exposition-du-moment/

 

Contact chercheur :
David Reby (david.reby @ univ-st-etienne.fr)

Publié le 27 septembre 2020